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À la tête du festival de ciné-concerts, le FiMé, Luc Benito est très pris par l’édition 2023 en cours. Prof, musicien et documentariste, il est aussi gestionnaire de cinémas dans la métropole.

Luc Benito a l’air très sérieux comme ça… mais ne l’est peut-être pas tant que ça. Le directeur du FiMé, le festival international des musiques d’écran (jusqu’au 12 novembre), s’occupe aussi de cinémas et de cinéma tout court puisqu’il prépare actuellement un documentaire. Rencontre avec un Toulonnais d’adoption qui ne partirait du Var pour rien au monde.

Comment passe-t-on de la ville de Tours à la ville de Toulon?

Par des chemins détournés. Je suis né à Tours, j’ai grandi à Aix mais j’ai aussi passé trois ans en Afrique, où j’ai suivi mon père qui était un expatrié. Il travaillait dans les travaux publics. Mon enfance a été très mobile! J’ai également vécu à la frontière suisse avant de revenir à Aix.

Les études supérieures vous ont-elles mené à ce que vous faites aujourd’hui?

Oui et non. Je me souviens que je rêvais d’organiser un festival mais je ne savais pas de quoi (sourire). J’ai intégré la faculté d’économie sociale à Aix puis j’ai décroché un DEA en économie du tourisme. J’ai ensuite débuté une thèse sur l’économie des festivals. Ah, et puis, en 1995, j’ai dû faire mon service militaire. J’ai fait partie des derniers Français appelés sous les drapeaux (rires).

Et la vie active vous a pris…

Oui, j’avais très envie de bosser après ça. J’ai intégré des cabinets d’études, mais c’est en travaillant dans l’enseignement sur les politiques culturelles que j’ai commencé à trouver ma voie. L’idée de monter un festival s’est concrétisée. Et c’est en 2003 que j’ai rencontré Laurence Recchia, qui est devenue mon alter ego pour la création du Fimé.

Un coup de foudre professionnel?

En quelque sorte, oui. Elle, elle voulait organiser un concert de musiques de films. Moi, je voulais inventer un festival. On a mis nos deux idées en commun et le Fimé est né: un festival de ciné-concerts unique dans la région.

Mais comment le Fimé a-t-il atterri à Toulon?

Parce que j’ai fait la rencontre de Régis Laugier, qui était alors administrateur de la Villa Noailles. Il m’a fait découvrir Hyères, Toulon et toute l’agglomération. Il est devenu naturellement le président de l’association Filmharmonie, qui organise le Fimé depuis toujours.

Comment a été accueillie la première édition?

C’était en 2005, au café-théâtre de la Porte d’Italie et à la médiathèque du Pont du Las. Le public est venu mais on avait vu trop gros: le festival durait 17 jours, vous imaginez? À côté, j’étais batteur et je jouais dans le groupe Hifiklub. C’était une période intense.

Festival, musique… et cinéma ensuite?

Oui puisqu’en 2008, j’ai pris en charge la gestion des cinémas de La Valette, Saint-Mandrier et Le Pradet. Ça continue aujourd’hui et c’est passionnant.

Puis est arrivée l’aventure Félix Mayol…

Très importante. En 2021, nous avons créé “Toulon célèbre Mayol”. Il y a eu une exposition, un spectacle musical à l’opéra, un guinguette hot-club, qui reprenait les chansons de Mayol. Et un documentaire qui a été projeté au théâtre Liberté et qui s’appelait Félix et moi. D’ailleurs, le film sort en janvier prochain partout en France grâce au distributeur Ciné Méditerranée. Je l’ai écrit, réalisé et produit. Enfin, la même année, je suis devenu coordinateur pédagogique à l’université de Toulon/La Garde. J’interviens en licence professionnelle en gestion de projets culturels. Une autre corde à mon arc!

Entre-temps, vous avez abandonné la musique?

Non. J’ai joué dans un duo électro avec Benoît Bottex du Metaxu et, actuellement, je compose de l’électro dans mon coin, sous le nom de Didier 6.

Pour 2024, des projets prennent-ils forme?

Oui, je travaille en ce moment sur un film documentaire qui s’intéresse à Blasco Mentor, un immense peintre, un peu oublié aujourd’hui. Il a vécu une partie de sa vie à Solliès-Toucas, où il s’était installé après avoir fui le Franquisme en Espagne. C’était un élève de Picasso. Sa vie est un roman et son œuvre mérite qu’on s’y penche. Un grand artiste devant l’éternel!

Comment jugez-vous la scène culturelle toulonnaise?

Elle est vivace, après des années difficiles. L’arrivée du théâtre Liberté a donné un souffle et de l’entraînement. Charles Berling a joué la carte du territoire. J’aime aussi jouer cette carte du territoire à fond pour changer l’image de Toulon. C’est une ville très simple et riche. Regardez, on n’est pas dans l’exubérance de Marseille, ni dans le clinquant de la Côte d’Azur. On peut être fiers de ce Toulon qu’on aime. Sans pour autant être cocardiers ou chauvins. C’est la vérité, c’est tout.

Bio express

1972: naissance à Tours et enfance à Aix-en-Provence.

1995: service militaire (parmi les derniers appelés).

2003: rencontre avec Laurence Recchia, son binôme dans la création du Fimé.

2008: il prend en charge la gestion de trois cinémas dans la métropole de Toulon.

2021: il présente “Toulon célèbre Mayol”, en hommage au célèbre chanteur.

2023: il accompagne la nouvelle édition du Fimé, actuellement sur tous nos écrans.

Ca reste entre nous

Qu’est-ce qui vous met de bonne humeur le matin?
Un morceau de musique des années 1980 : Bryan Ferry, par exemple.

… et de mauvaise humeur?
Tomber de bon matin sur une fake news en allumant mon portable. Cela me met en colère, surtout lorsque ça parle d’un sujet grave, comme les conflits actuels.

Coups de cœur locaux et petits secrets

Où emmenez-vous quelqu’un qui vient chez nous pour la première fois?
Ce serait mon meilleur ami qui habite à Lyon. C’est arrivé récemment. Je l’ai emmené déguster une pizza chez Gaetano puis on a fait un tour dans les rues du Vieux Toulon, le cours Lafayette et toute la basse ville. Il a trouvé ça génial.

Avec une baguette magique, que changeriez-vous dans la région?
J’y valoriserais davantage le patrimoine. Il est immense et on ne s’en rend pas forcément compte. Je rêve de récupérer des films amateurs de différentes époques pour montrer Toulon au fil du temps. Pas dans un esprit nostalgique. Dans un esprit de préservation du patrimoine au sens moderne du terme.

Qu’est ce qui vous manque quand vous n’êtes pas dans la région?
Le soleil! Je le sens tout de suite quand j’en suis privé. Et la lumière que nous avons ici : différente selon les heures de la journée.

Si vous deviez vivre dans une autre région, laquelle choisiriez-vous?
Je ne trouve pas (rires). Je vais dire le haut Var. J’adore les villages de Tourtour, Salernes, etc. Toute la Provence verte me passionne. Je me verrais bien y vivre un jour. Je ne suis pas un grand voyageur. Je quitte rarement notre région. Je l’aime trop!

Source : Var Matin

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