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"J’ai découvert un des plus grands artistes français du début du XXe siècle"

Le nom de Mayol est indissociable de Toulon

Mais au final, que sait-on vraiment du chanteur toulonnais, affublé de son éternel brin de muguet? Un film documentaire, à voir en avant-première dans le Var, plonge dans son histoire.

Un coup de foudre en plusieurs temps. Comme beaucoup, Luc Benito a découvert Félix Mayol en débarquant à Toulon, en 2005. Mais au premier regard, celui qui dirige plusieurs cinémas et festival dans le Var, n’a pas vraiment prêté cas au chanteur du début du XXe siècle. “Je me suis dit: qu’est-ce que c’est que ces pitreries, ce n’est pas pour moi. J’ai balayé cela avec peut-être un peu de mépris”, confie le réalisateur de Félix et moi. Il y revient une décennie plus tard. “Un ami avait un projet d’exposition sur Mayol, je n’ai pas vraiment regardé. Il m’a relancé au bout de deux ans. J’ai ressorti son dossier et j’ai découvert un des plus grands artistes français du début du XX siècle. Mais aussi ce qu’il a fait à Toulon, c’était quelqu’un de très généreux. Ma curiosité était piquée, j’ai lu ses mémoires. Et là, je me suis régalé”. Luc Benito se lance alors dans son projet de film.

Plutôt qu’un documentaire “Wikipédia linéaire”, il opte pour un style différent. “J’ai pris le prisme d’un road trip, en suivant quelqu’un qui part sur les traces de Félix Mayol.” Ce quelqu’un, c’est Luc justement qui s’est aussi improvisé acteur. Lui qui a plongé dans les archives du chanteur pour s’inspirer de sa vie et comprendre la profondeur de ses textes.

Charles Berling et François Morel à l’affiche

À ses côtés, Charles Berling récite les correspondances de Félix, alors que François Morel intervient également, poussant même la chansonnette en reprenant Viens poupoule, titre phare de l’homme au muguet.

Tout cela permet de découvrir l’homme derrière l’artiste. Car au final, que garde-t-on de Félix Mayol, si ce n’est le brin de muguet, sa passion pour le rugby et son nom associé au stade et au centre commercial? “Il a inspiré tant et tant de chanteurs… il mérite qu’on le connaisse comme j’ai pu le faire. C’est une personnalité contrariée, il y a tout pour un récit romanesque. Il a été victime d’homophobie dans sa famille, de calomnies quand il était célèbre. C’est aussi une personnalité clairvoyante qui a été d’une grande générosité avec Toulon.”

Le Guinguette Hot Club aux manettes

Dans cette production 100% toulonnaise, Luc Benito a sollicité Le Guinguette Hot Club, dans un premier temps juste pour reprendre une chanson pour le générique. “J’ai été un peu surpris. Au départ, ça ne m’a rien évoqué”, confie Julien Ripoll, chargé de production et membre du groupe. Puis, de fil en aiguille, “on a découvert un artiste sensible, drôle, engagé. En moins d’un mois, on est tombé amoureux”.

Les musiciens plongent alors dans les partitions et paroles. Ils retravaillent toute la musique. “Ce sont des titres enregistrés entre 1907 et 1930. C’est assez désuet, même horripilant avec des enregistrements de mauvaise qualité. On est reparti de zéro. On a travaillé avec des univers que nous aimons bien. Nous avons mis beaucoup de world musique (celtique, rumba, gitane…).”

Et la magie opère. S’il sort en salles en septembre prochain, le film commence déjà à tourner dans la région toulonnaise. Des avant-premières notamment auprès de jeunes publics. Eux aussi découvrent Mayol et son univers. Loin des clichés. “Pendant longtemps, pour célébrer Mayol, on tombait dans la facilité des paillettes façon Michou. C’est un contresens absolu. Il était très bon mime et il interprétait des personnages féminins, lui n’a jamais été efféminé comme on a tendance à le représenter”, conclut Luc BenitoAvec Mayol, c’est aussi Toulon qui se raconte. Et comme pour la ville, il ne faut pas se fier aux apparences.

Source : Var Matin

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